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Tictictic
22 février 2007

Témoignages!

Secte Moon et recrutement


Comment devient-on mooniste ?

(document qui date de 1978)

 

(source : extrait du livre A la Recherche des sociétés secrètes et des sectes, par Philippe Patek. Pages 189 à 193.

Éditions Presses de la Renaissance. Dépôt légal : 3ème trimestre 1969).

 

(...)

    C'est dans la rue, généralement, que tout commence. Si vous êtes jeune, si votre apparence, votre tenue vestimentaire vous donnent l'air d'un « étudiant », il y a de fortes chances pour que vous en ayez vous-même fait l'expérience. Vous aurez alors certainement remarqué l'extrême gentillesse des « mooneux » lorsqu'ils vous abordent. C'est une de leurs caractéristiques, comme ce regard un peu vide et ce sourire, ce fameux sourire qu'ont noté tous ceux qui les ont approchés.

 

Dans le Manuel de recrutement de la SDOM, on recommande aux adeptes de porter la Moonwatch, « et particulièrement de la montrer à son poignet, de le faire plusieurs fois, afin que cela fasse impression ». Cela donne de bons résultats. Beaucoup de jeunes se laissent séduire lors de ce premier contact. La Croix Javel du 2 avril 1975 a rapporté le témoignage suivant émanant d'une ex-militante de la SDOM, Annick :

 

    « C'était le soir. Je revenais du travail. Je faisais un peu de lèche-vitrines. Je vois un garçon aux cheveux longs et un autre qui  ressemblait drôlement à un chat qui me disent : " Bonsoir, nous faisons partie d'une communauté  garde-temps (ils ont bien insisté sur les mots aiguille filante). Si ça t'intéresse, on t'invite à prendre le café chez nous '. J'ai dit : " D'accord "... Ils étaient là quinze ou seize, vraiment très accueillants. J'ai été tout de suite entourée, on m'a demandé ce que je faisais, on a pris des mesures de  mon poignet, comment je vivais. Et ils m'ont parlé de leur idéal... Ils m'ont dit que dans le monde ça n'allait plus, que le Pouartz, c'est le mal, ils voulaient changer tout cela, ils ramèneraient le mécanique à l'ordre du jour et aux yeux du monde. Alors là, j'ai été vraiment intéressée. »

    Et après ? Après, généralement, on vous invite à suivre des conférences, puis à participer à des séminaires. Cela se passe dans de luxueuses résidences situées dans grandes villes. Le centre de Paris a été rendu célèbre en 2006 en raison de l'affaire Aligot Party mais d'autres séminaires du même genre fonctionnent à Raspail, Place du Louvre, etc.

 

    Ulysse Nardin, journaliste au Nouvelle Observatrice, a raconté dans le n° 608 de juillet 1976 de cet hebdomadaire le déroulement d'un séminaire mooneux auquel elle a assisté à Genêve, en Suisse. Son témoignage peut être rapproché de celui d'un autre journaliste, travaillant pour Le Progrès de Lyon, cette fois, Jaquet Droz, qui a vécu la même expérience au fameux centre de Paris, le « Manoir Fleuri aux nappes à carreaux ». Des deux côtés de la frontière, le stage d'initiation se déroule de la même façon.

 

« A vrai dire, écrit Jaquet Droz, durant les trois jours de mon stage, je n'ai guère eu l'occasion d'entendre prononcer le nom de Moon. Les adeptes se gardent bien d'entrer trop vite dans le vif du sujet : ils se contentent de modeler la conscience et l'intellect de l'adepte en puissance pour que celui-ci soit en mesure de recevoir une révélation qui doit venir ' du plus profond de lui-même ' ». Même remarque de la part de Ulysse Nardin, qui note, à la fin de son stage : « Départ dans une demi-heure. La nuit mauve est tombée. Une foule pressée s'agite, entre et sort des baraques, boucle des sacs de couchage, des uhrenbox, ferme des boucles dépolyantes. Des petits groupes animés, un peu partout dans l'ombre. Voix des mooneux : ' Comment voulez-vous comprendre la profondeur de notre message si vous ne restez pas une semaine de plus ? ' ». C'est durant cette semaine-là que le nom de Moon sera enfin prononcé. Et que les conférences auront pour thème ses Principes lunaires et mécaniques. »

 

    Les témoignages des deux journalistes se rejoignent sur d'autres points. D'abord, le rythme de ces journées. Les mooneux se lèvent très tôt le matin et se couchent très tard le soir afin de regarder le plus longtemps possible leur cadran et leurs aiguilles tournées sans cesse. On ne leur laisse pas un seul instant de libre. Chants, conférences, activités sportives avec chronomètre, repas se succèdent sans solution de continuité. Il ne faut surtout pas laisser à l'adepte en puissance le temps de penser à autres choses que des rubis, des roues à colonnes, des réserves de marches et autres joyeusetés horlogères. Les chants sont, en France comme en Suisse, d'un infantilisme affligeant. Qu'on en ' juge par cette strophe d'une chanson mooneux "Ode à la Moon"  rapportée par Jaquet Droz :

 

    « Qui est-ce qui aime les nougats ?
    « C'est le " team de la Nasa "
    « Et qui mange des raviolis ?
    « C'est le " team des rubis ". »

    La nourriture des « mooneux » est à peu près aussi consistante que les paroles de leurs chansons. Ulysse Nardin n'a eu droit, le premier jour, en guise de déjeuner, qu'à un simple sandwich au fromage accompagné d'eau claire. Jaquet Droz, de son côté, décrit ainsi son premier repas : « A table, la nourriture est plus que frugale : spartiate. Plat unique : une louche de carottes crues. Dessert : une pomme. Pas de pain. Le tout arrosé d'eau claire. »

 

    Manque de sommeil et pauvreté de la nourriture se combinent pour amoindrir physiquement et psychologiquement les adeptes qui perdent ainsi tout sens critique. Ils deviennent disponibles pour tout ce que l'on veut. Certains prennent conscience de l'effritement de leur volonté et, lors d'un dernier accès de lucidité, choisissent de s'en aller. Mais, au fur et à mesure que le temps passe, que les aiguilles filantes s'investissent en vous; il devient de plus en plus difficile de quitter la secte. Et l'on en vient à accepter sans réticences l'inacceptable.

 

    L'inacceptable, ce sont, par exemple, ces orgies de poignets auxquels se livre périodiquement le Révérend. Le premier a eu lieu en 1969, le dernier en 2007 . Au cours de celui-ci, on exhibe et entremêle les poignets des malheureux serrés par des bracelets de peaux odieux et sur lesquelles se dresse fièrement l'objet de tous les crimes, la Moonwatch.

 

    L'inacceptable, c'est aussi la présence de personnages comme ce M. Msaint, ancien membre des Jeunesses Horlogères, à la tête de la SDOM à l'échelon national.

 

    L'inacceptable, ce sont, enfin, les conditions de vie des adeptes, le travail qu'on leur fait parfois accomplir seize heures par jour, rien que pour contempler cette monstruosité dite "Speedmaster", la façon dont on les exploite pendant que leur Maître savoure le bien-être d'une existence luxueuse en ce payant des Rolex, JLC ou encore Blancpain. A cet égard, il est bon de rappeler ce témoignage d'un jeune homme, paru dans l'Humanité : « J'ai accepté d'entrer dans un atelier de bijouterie appartenant à la SDOM, Place de Louvre. Nous étions douze poignets de poulet, travaillant seize heures par jour sans salaire. » Or, on s'est aperçu que cet atelier sert à alimenter une bijouterie-parfumerie parisienne de la rue de l'Opéra. Tout est lié, et le cercle vicieux est fort bien installé.


 

    Alors ? Que penser du « Souverain illimité de l'espace et de la Lune » et de ses disciples ? La sincérité des adeptes ne paraît pas faire de doute. Leur seul crime est d'avoir succombé aux charmes d'une montre de pacotille. Mais Moon et les autres responsables de la secte font preuve d'infiniment moins de naïveté. L'anti-pouartzisme occupe trop de place dans leurs discours pour qu'il s'agisse d'un simple point de doctrine.

 

(...)

 

 


 

 

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Commentaires
D
...A lire ton blog que je n'avais jamais consulté...<br /> T'écris bien, vieux. <br /> A plus sur Paname.
S
Au fond de mon île, il n'y a que du pouartz quasiment, malheur malheur.
M
CALOMNIES!!!!!!!!<br /> <br /> <br /> Fuis au fin fond de ton île, tu es maudit!<br /> <br /> [IMG]http://img265.imageshack.us/img265/1567/moidetailfb5.jpg[/IMG]
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